Visages d'Aixois

À Aix-en-Provence, on ne regarde pas que les façades en pierre blonde : on observe surtout les visages. Ceux qui flânent sur le Cours Mirabeau ont souvent l’air de savoir qu’ils sont beaux, ou du moins d’habiter une ville qui l’est. Il y a dans leurs regards cette assurance tranquille qu’on retrouve chez ceux qui ont grandi au soleil et qui savent que rien ne presse.

Les visages aixois, c’est un mélange curieux : un peu de bourgeoisie satisfaite, un soupçon d’artistes en quête d’inspiration, et beaucoup de gens qui semblent toujours sur le point de prendre un café mais jamais de le finir. Les expressions oscillent entre la douceur méditerranéenne et une légère suffisance, comme si chaque passant pensait secrètement que la Provence lui appartenait.

Mais c’est justement ce mélange qui rend Aix vivante. Derrière les lunettes de soleil et les sourires polis, on devine des histoires de famille, des ambitions discrètes, des colères retenues. Ces visages racontent une ville à la fois charmante et fière, où l’élégance côtoie l’indifférence, et où chaque regard dit sans parler : ici, on est bien, mais pas n’importe qui.

Mais il n'y a pas que des bourgeois et c'est tout le paradoxe d’Aix : une ville superbe, mais traversée de failles invisibles. Et dans ces visages — qu’ils sourient ou qu’ils se ferment — on lit le vrai visage de la cité : celui d’un lieu où le soleil éclaire aussi les inégalités.