Avishaï Cohen au Charlie festival de Vitrolles






Il faisait chaud au Domaine de Fontblanche pour le lancement de la 27ᵉ édition du Charlie Jazz Festival. Les éventails étaient de sortie sous les platanes. Cependant, les organisateurs annonçaient une affluence record pour un jeudi d’ouverture.
Comme beaucoup, j’ai découvert Avishai Cohen un soir de 2015 lors de l’émission de Frédéric Taddéï à la télévision française. Ce soir-là, nous avons vu débouler ce contrebassiste dans une de ses compositions fétiches : Seven Seas. Ce morceau est un exemple parfait de l’art du musicien : mêler les cultures, les langages musicaux et les émotions dans un seul et même souffle. Un morceau à la fois très accessible par sa mélodie, et complexe techniquement par sa rythmique (7/4) et par ses harmonies.
Avishai Cohen était très attendu. Il fait partie de ces rares musiciens de jazz qui possèdent un public qui les suit. Il était programmé en trio avec de jeunes musiciens encore peu connus : le batteur prodige Yali Stern et le très prometteur pianiste Itay Simhovich. Le nouveau projet Brightlight s’inscrit dans la lignée des albums du contrebassiste-compositeur, avec des ambiances à la fois mystérieuses, fluides et rythmées, presque oniriques. Peu de notes, les morceaux défilent en créant des atmosphères qui évoquent des voyages, des traversées en Méditerranée et au-delà. La prestation est remarquable — et cruelle, en comparaison avec le groupe qui a ouvert la soirée (Louis Matute Large Ensemble), en termes de générosité et d’implication dans l’interprétation.
Un moment suspendu.
Durant le rappel, Avishai Cohen offre les morceaux qu’attendait le public. Avec ou sans sa contrebasse, il chante en ladino — cette très vieille langue issue de la tradition séfarade — ou en espagnol, pour un Alfonsina y el mar de toute beauté. La soirée se termine par une interprétation remarquable et lourde de sens de Peace on Earth de John Coltrane. Durant cette interprétation, et peut-être en raison de la légère baisse de la température, la dernière cigale s’est tue.
Marc Criado pour Culturejazz
Avishaï Cohen : Contrebasse et chant
Itay Simhovich : piano
Yali Stern : drums