Trois femmes photographes latino-américaines (3)

Sara Facio, une mémoire de l'Argentine

Marc Criado

5/3/20242 min read

Aujourd’hui, l’Argentine : Sara Facio…

Avant de présenter la photographe, je voudrais dire deux mots de l’Argentine de l’après-guerre. De très nombreux intellectuels européens, surtout juifs mais pas seulement, se sont réfugiés en Argentine pour fuir les persécutions nazies. De plus, l’Argentine a nourri une partie du monde en guerre et pointait dans les dix pays les plus riches et développés du monde. Pays de très grande culture, très lié à l’Europe, l’Argentine fourmille d’intellectuels, d’artistes de premier plan. Se plonger dans la vie et l’œuvre de Sara, c’est se replonger dans ce pays, dans l’ambiance d’une époque. 

"JE ne photographie que les gens que j'admire " 

Petite fille d’émigrés siciliens, les parents de Sara tiennent un restaurant à Buenos Aires. Après des études à Bellas Artes en 1953, elle obtient une bourse pour Paris.  Elle étudie les arts et la photographie. De retour en Argentine, elle ouvre un studio de photographie. Son premier grand portrait sera celui de Julio Cortazar qui deviendra la « version définitive » de l’écrivain : celle que l’on a en tête dès que l’on parle de lui. De la même manière, elle immortalisera Victoria Ocampo, Jorge Luis Borges, Pablo Neruda, María Elena Walsh, Vargas Llosa, García Márquez et une liste interminable de grands noms. 

En plus de ces portraits, Sara Facio se promène dans les rues de la capitale, elle documente la vie des Porteños avec une attention spéciale pour les gens simples. A la recherche d’instants, de regards et de coins de la ville qui rendent compte de l’atmosphère du lieu.  Née en 1932, à 92 ans, Sara a fait don de son œuvre au Musée national des beaux-arts. 

Femme de caractère, elle aime ou pas… Elle aime Cortazar qu’elle va visiter alors qu’il est en exil en France et qui pleure sur ses photos de Buenos Aires. Elle aimait moins Borges qui, aveugle, avait voulu lui donner des leçons de photographie. Elle a publié une monographie sur Neruda, le poète chilien. Elle a partagé, en 1969, l'intimité du prix Nobel, dans sa maison mythique d'Isla Negra, près de Santiago. Malgré son admiration pour La Nausée, elle ne veut pas photographier Sartre : il est trop laid !   

Sara Facio s’inscrit dans la lignée des grands photographes latino-américains celle des Chambi, Alvarez-Bravo, Iturbide, Eleta ou Pedro Meyer...  

-Rencontre avec l'Argentine Sara Facio, portraitiste des grands auteurs. Entre l'écrivain et la plume (Le Monde juin 1991) : https://www.lemonde.fr/archives/article/1991/06/27/rencontre-avec-l-argentine-sara-facio-portraitiste-des-grands-auteurs-entre-l-ecrivain-et-la-plume_4162457_1819218.html 
-Article (en anglais) : https://rolfart.com.ar/artists/sara-facio/
-Sara Facio « Mi militancia es la fotografía » : https://www.youtube.com/watch?v=plbxYwaD8hQ