Trois femmes photographes latino-américaines (2)

Sandra Eleta, photographe de Portobelo (Panamá)

Marc Criado

4/29/20242 min read

En France, en Europe plus généralement, nous connaissons et glorifions nos photographes tout d’abord et ensuite, des Américains et quelques Japonais (le Japon est très à la mode !). Il faut bien avouer aussi que nous glorifions surtout des hommes-photographes. Je voudrais vous présenter et vous donner envie de visiter les œuvres immenses de trois photographes latino-américaines : une Mexicaine, une Panaméenne et une Argentine.

Aujourd’hui, la Panaméenne : Sandra Eleta…

Avant de présenter la photographe, je voudrais dire à quel point le Panama est un pays inconnu du reste du monde. En général, les gens ne connaissent que le Canal et les Panama Papers. A première vue, le pays n’est pas très intéressant : sa capitale ressemble à un Dubaï des tropiques et les golfs du pays sont parcourus par des retraités américains. C’est pourtant, à partir d’une parcelle de son pays que Sandra Eleta va construire son univers photographique.

Les parcours de Sandra Eleta et de Graciela Iturbide ont de très nombreux points communs. Elles sont nées la même années (1942), les deux font partie d’une classe aisée et les deux vont partir découvrir les richesses de leur pays grâce à la photographie. Après avoir enseigné au Costa rica, Sandra Eleta va tomber amoureuse de Portobelo, une toute petite ville de la côte atlantique du Panama. Portobelo est une ville riche de traditions : Christophe Colomb a touché le continent américain près de là et les Espagnols y ont fondé leur première capitale. La ville est le centre d’une population descendante d’esclaves africains. Sandra Eleta va passer 4 ans, de 1977 à 1981 à Portobelo. Elle prend part à la vie locale, fait renaître la culture et les traditions, en particulier les carnavals, la musique ou la cuisine.  Elle photographie ses voisins, dans leur quotidien, elle y montre la réalité d'une ville portuaire panaméenne de ses habitants et les signes de la culture congo toujours présente. Cette série reste l'œuvre la plus connue de l'artiste. Les formats carrés et le noir et blanc obtenus à travers l’objectif du Hasselblad offert par son père, deviennent sa signature artistique. Une galériste a monté une exposition sur le travail de Sandra intitulée Le réel merveilleux : un voyage onirique au cœur de l’Amérique latine. Une référence à un genre littéraire latino-américain qui entremêle réalités sociales et mondes magique et surnaturel. Cela définit bien le travail de Sandra Eleta. 

Elle fera partie de cette vague « latino-américaine » de photographes qui vont montrer les réalités de ce sous-continent lors de rencontres ou de Festivals au Mexique (Hecho en latinoamerica 1978), en Arles (1979), à Paris, à Venise ou aux États unis. Ces photographes s’inscrivent dans un mouvement plus large qui touche la littérature, la peinture et les arts en général. 

Son site web : https://sandraeleta.com/
Sur Portobelo : http://portobelodigital.org/archivo/sandra-eleta/
Une interview de Sandra Eleta (en anglais) : https://soundcloud.com/digitalportobelo/sandra_eleta-2012